Le spectacle avance. Des voix, des sons et des fragments sont perceptibles. On imagine par le négatif. Puis l’ombre gagne les corps : angoisse, joie, fatigue, espoir. Le lieu, véritable protagoniste, se fait l’écho des consciences. Chaque geste – maquillage, costume, retour en scène – dans sa lutte pour conjurer le vide qui guette, semble repousser la fin. La scène contamine, l’intime devient représentation. Peu à peu, pensées, rêves et silences affleurent. Un théâtre de l’entre-deux émerge, où l’invisible prend toute la place. Et si ces loges étaient un chant du cygne ? Le dernier sursaut d’un art menacé, qui résiste encore. Un art qui est partout, dès lors qu’un regard existe. La pièce devient une réflexion sur l’artiste, un hommage aux mains de l’ombre, à ce qu’elles échafaudent secrètement, à l’attente, entre quotidien et sacré, où chaque préparation, même la plus banale, a son dénouement tragique. Et toujours cette question : pour qui fait-on tout cela ?
